Pétain qui, avant d’être la raclure que l’on connait tous (et d’avoir inventé la fête des mères), fut clairement le grand héros national de la 1ère guerre mondiale. Même si au match retour, l’enfoiré s’est trompé de maillot… on ne peut pas lui enlever l’exploit d’avoir gagné la bataille de Verdun. Alors qu’à la fin de la 2ème guerre mondiale, Pétain est logiquement emprisonné et condamné à mort pour haute trahison, il écrit dans ses mémoires que, pendant 14-18, le vin était sans aucun doute le ravitaillement le plus attendu par les poilus. Il y consacrait donc au tant d’énergie et de sérieux qu’à celui des munitions !
Pour se rendre compte de l’importance du vin dans le quotidien des Français à cette époque, il faut savoir qu’à l’aube de la 1ère guerre mondiale, on estime la consommation de vin par habitant à 300 litres par an. Aujourd’hui, on est plus autour de 30-40 litres. On rigole moins, mais on vit plus vieux…
Bref, comprenant très vite l’importance de l’ivresse sur le moral des troupes, en 1914, l’armée accorde gratos par soldat 25cl vin et 6,25cl d’eau de vie par jour. En 1916, craignant la mutinerie, on passe à un demi litre de vin par jour. Puis jusqu’à 1 litre en 1918. Au total, sur le front, en additionnant le pinard acheté en plus par les poilus, c’est 12 millions d’hectolitres de vin bus en 1917 et 16 millions en 1918, soit 3 à 4 litres quotidiens en moyenne par soldat. Bien sûr, avec autant de vinasse dans le crâne, il existe quelques dingueries dans les archives internes militaires…
Pour gérer l’acheminement de tout ce vin, l’armée créait des coopératives pour acheter de gros volumes. Il faut l’avouer, le vin est clairement de mauvaise qualité. Plusieurs écrits attestent de ses effets sur l’estomac. Il vient principalement du Languedoc ou d’Algérie, là où l’on produit en masse, puis on le coupe souvent à l’eau. Certains soupçonnent que l’on y rajoute du bromure pour calmer la libido des soldats et éviter les nuits folles dans les tranchées… Mais aucun document officiel ne le prouve.
Pour répondre concrètement à la question : aurait-on gagné la guerre de 14-18 sans le vin ? Il est clair que pour supporter l’atrocité d’une telle boucherie, continuer à obéir aux ordres, et ne pas déserter alors que t’as de grandes chances de mourir dans d’horribles conditions (entre 14-18 l’espérance de vie des hommes en France est redescendue à 28 ans), pas sûr que l’amour de la patrie suffise à tout le monde… Il vaut mieux être alcoolisé du matin au soir pour ne pas trop réfléchir au ridicule de la situation, te donner du courage et ne pas t’avouer que le connard dans la tranchée d’en face en a sûrement autant rien à foutre que toi… D’ailleurs, c’est ce que nous dit Christophe Lucand, chercheur universitaire, dans son livre Le Pinard des Poilus : « L’agressivité et la soumission à la hiérarchie n’ont été possibles que grâce à une alcoolisation massive, organisée par des autorités politiques et militaires hantées par la défaite ».
Perso, si l’histoire se répétait, il faudrait que l’armée française m’offre par jour quelques bouteilles de Labet et de canettes Left Handed Giant, pour que j’y réfléchisse…













